PB0_Corse66 a écrit:
"non mais Hitler cherchait pas vraiment à envahir l'Angleterre en juillet 40, au contraire il cherchait un accord de paix.. "
Sincèrement, sur ce point je suis en accord avec l'auteur, tout au moins sur l'idée, mais je suppose que sa conclusion est dans un autre sens aux vues de ses écrits.
Et, c'est aussi l'avis aujourd'hui d'un certain nombres d'historiens notamment britannique.
1°: Lorsque Hitler déclare la guerre à la Pologne, il essaye encore un autre coup de bluff persuadé que la France et le Royaume-Unis vont encore reculer (cf les travaux du Professeur Richard Overy). Et éviter si possible une guerre avec ces deux pays qui ne l'intéresse pas, tout au moins dans un premier temps.
L'objectif premier reste la conquête et la colonisation de l'Est (avec des projets qui font froid dans le dos, cf la guerre germano-soviétique de Nicolas Bernard qui contient de très longs développement sur ce point).
Globalement Hitler et la Wehrmacht redoute ce conflit sur les deux fronts et ont une crainte réelle de l'Armée français encore auréolé d'un immense prestige. Même si, au final, tous les risques sont pris, dans différents texte et témoignage, Hitler fait clairement mention de sa hantise de décéder avant ce combat et donc pousse au maximum vers le conflit (d'où le décalage avec les plans de réarmement qui visent une date ultérieur).
Le haut commandement allemand ne freine finalement pas car là encore l'attrait raciste vers l'Est est profondément ancré (cf le comportement allemand dans les zones occupées, à l'est, durant la WWI)
2°: La victoire, rapide, à l'ouest est finalement une surprise totale pour le commandement allemand qui s'attendait à un combat long (avec à terme une armistice pour se dégager vers l'est). Contrairement aux idées reçu le concept de la Blitzkrieg est une construction postérieur et principalement liée aux expériences que véritablement théorisé. Le concept allemand reste (depuis la Prusse de Frédéric-Guillaume Ier) celui du "grand coup", je n'ai plus le terme allemand en tête) largement utilisé (souvent avec échec) dans tous les conflits (cf la dernièrement offensive allemand durant la WWI où on lance l'élite avec les troupes d'assauts sans prévoir aucune réserve pour exploiter la percée initiale).
Et on voit à plusieurs reprises que le Haut commandement envoi des messages pour ralentir l'avancée des Panzers. C'est notamment le cas de la 7e Panzer-division où Rommel ignore volontairement les contres-ordres demandant de ralentir voir de reculer. Ce dernier aurait même décider de couper sa radio pour ne pas recevoir les messages. Jusqu'au bout le commandement allemand a peur d'une réédition du "miracle de la Marne".
Résultat, fin juin 1940, les allemands n'ont finalement pas de plans réelle pour envahir le Royaume-Unis car les événements ne sont pas conforme aux prévisions.
En outre, malgré la victoire les allemands ont des pertes matériels non-négligeable notamment la Luftwaffe qui sort fortement amoindrie par les combats (en particuliers la force de bombardement). L’infrastructure français est, par ailleurs, fortement endommagé dans les zones concernés.
3°: Il faut être honnête les allemands n'ont pas les éléments nécessaires pour lancer une invasion :
- pas de flotte disponible à cet effet ;
- la marine de surface n'a pas la capacité de résister à une sortie probable de la Royal Navy donc d'intervenir dans la bataille ;
- les parachutistes et les transports par voie aérienne ont perdues beaucoup de prestige dans les résultats très mitigés des opérations de ce type en Norvège et Pays-Bas/Belgique donc une envie très réduite de retenter l'expérience.
Même en Crète, on voit que le commandement allemand n'acceptera qu'à reculons et avec grande hésitation le plan de Student, et encore car pas le choix car urgence de neutraliser le risque avant l'ouverture du grand conflit vers l'Est.
D'où le souhait de pousser le Royaume-Unis vers la paix, soit pacifiquement soit par un "grand coup" aérien pour faire pencher l'opinion dans ce sens.
4°: Il ne faut pas oublier que l'objectif n°1 (et l’obsession) de Hitler reste l'Est qui doit être colonisé (en exterminant les populations locales) aux profits des allemands. Les plans existent et sont assez terrifiant à lire.
Résultat, il faut en terminer au plus vite avec les anglais, et comme l'invasion n'est pas possible, par une offre de paix. Mais uniquement pour avoir les mains libres pour la mise en place du projet réel, l'est.
Et on voit bien que jusqu'au bout (notamment lors du débarquement en juin 1944) Hitler reste persuadée qu'il suffit de régler la situation à l'ouest (un échec du débarquement devant pousser les Américains et les Britanniques à la table des négociations) afin de pouvoir se concentrer sur l'Est. De même, l'offensif finale en Afrique du Nord vers l'Egypte est dans l'espoir de créer un choc avec la perte du Caire et d'Alexandrie pour pousser les britanniques hors du conflit? Il y est tout proche, puisque par exemple la chute de Tobrouk provoque une motion de censure contre Churchill à la Chambre des Communes, qui est finalement écarté pour des motifs de procédures
Toute sa stratégie est dictée par cette obsession : la colonisation de l'espace vitale.
NB : désolé rédigé un peu trop rapidement et pas ma bibliographie sous la main pour citer les sources.